lundi 21 mars 2016



 VISITE AU SENEGAL D'UNE DÉLÉGATION DE PARLEMENTAIRES MEMBRES DES FORA AFRICAIN ET EUROPEEN SUR LES QUESTIONS DE POPULATION ET DEVELOPPEMENT EN AOUT 2015

1. OUVERTURE PAR UNE TABLE RONDE AVEC LES PTF AU KING FAHD PALACE






2. VISITES DE COURTOISIE AUX AUTORITES ADMINISTRATIVES ET SANITAIRES DE LA REGION DE THIES


                                             VISITE AU MEDECIN-CHEF DE REGION


VISITE DE COURTOISIE AU GOUVERNEUR




3.VISITES DE STRUCTURES DE SANTE (CENTRE DE SANTE DE THIES, POSTE DE SANTE DE NGUEKHOKH ET CASE DE SANTE DE) EN COMPAGNIE DU MÉDECIN CHEF DE RÉGION


         CENTRE DE SANTE DE THIES



                                                                        POSTE DE SANTE DE NGUEKHOKH




















                                       



CASE DE SANTE DE DIASS





4. VISITE DE L'ESPACE JEUNES AU CENTRE DES ŒUVRES UNIVERSITAIRES DE DAKAR



samedi 16 janvier 2016

ACTIVITES PHARES DES  COMMISSIONS, RESEAUX ET GROUPE PARLEMENTAIRE MAJORITAIRE DE L’ASSEMBLEE NATIONALE, DES MINISTERES TECHNIQUES ET REPRESENTATIONS DE L’ASSEMBLEE NATIONALE A L’ETRANGER EN 2014


1.       Participation au CIS/PNDS au KFP le 28 janvier 2014 ;
2.       Participation à une rencontre entre Imam Mbaye Niang et les sénateurs égyptiens le 05 février ;
3.    Participation à la séance de sensibilisation contre les méfaits du tabac au niveau de l’ISEG avec la LISTAB et Zendakar le 15 février ;
4.     Participation à la journée de l’excellence de l’Enseignement supérieur avec comme thème développé : « la gouvernance de la science, de la technologie et de l’innovation » le 24 février ;
5.       Lancement du programme PACE en présence du Président Moustapha Niasse, de l’USAID (bailleurs de fonds) et des gestionnaires du programme le 26 mars au KFP ;
6.     Participation à l’évaluation de l’an II de la deuxième alternance par le groupe BBY au Terrou Bi le 26 mars ;  
      
     Participation à la sixième CIPD en avril 2014 à Stockholm dans le cadre d'une délégation    composée de membres des deux réseaux parlementaires africain et européen sur les questions  de population et développement  


7.     Visite de terrain aux ICS de Mboro le 4 juin ;
8.  Participation au symposium sur le leadership des femmes et la démocratie : « Promouvoir le développement par une gouvernance locale » le 5 juin à Ngor Diarama ;
9.     Organisation par la commission santé d’un atelier de haut niveau sur la promotion de l’accélération de l’abandon des MGF/E : 13 et 14 Décembre, Saly
10.   Participation à la formation PACE portant sur l’introduction à la formation « Engagement citoyen » le 16 décembre 2014
11. Participation à la réunion du groupe BBY avec le Ministre de l’enseignement Supérieur et de la Recherche sur les réformes universitaires le 16 décembre 2014
12.  Sensibilisation par le CNLS des membres de la commission santé sur la nécessité de chercher des fonds domestiques pour financer la lutte contre le VIH devant la baisse drastique des financements étrangers : 27 et 28 Décembre, Saly

13. Formation sur le droit parlementaire (PACE : Programme d’accompagnement parlementaire et d’engagement citoyen) : 29 et 30 Décembre, Saly

Plaidoyer budgétaire en faveur de la santé maternelle, néonatale et infantile

REUNION DE PLAIDOYER BUDGETAIRE
EN SANTE MATERNELLE ET INFANTO-JUVENILE
05 JUIN 2015
RADISSON BLU



Une réunion de plaidoyer budgétaire en santé maternelle et infanto-juvénile, s’est tenue le 05 juin 2015 au Radisson Blu sous la présidence du directeur de la Santé de la reproduction et de la survie de l’enfant. Speak Up africa (SUA) et Save The Children ont co-organisé cette rencontre avec la DSR/SE.
                                                                                                    
D’autres organisations de la société civile (REPAOC, Partenariat pour la Santé Maternelle et infanto-juvénile, MI, CONGAD, CICODEV, ASBEF, ANCS, ADEMAS), les représentants des agences des nations unies (FNUAP, OMS, ONUFEMME), des ministères des finances, de la femme, de la santé (ANCMU, DAGE, DSR/SE, SNEIPS) ainsi qu’une forte délégation de députés dirigée par la présidente de la commission santé y ont pris part.

L’objectif principal de cette réunion était de mettre en place une plateforme d’acteurs engagés pour le plaidoyer en faveur de la santé maternelle et infanto-juvénile.
Les objectifs spécifiques étaient les suivants :
-          Lancement de la plateforme de plaidoyer pour une augmentation du budget alloué à la santé maternelle et infanto-juvénile,
-          Analyse des succès, opportunités et défis pour la santé maternelle et infanto-juvénile au Sénégal,
-          Elaboration d’une déclaration à faire signer par les parties prenantes,
-          Mise en œuvre d’une feuille de route par des actions concrètes de plaidoyer sur le processus budgétaire 2016.
Le déroulement de l’atelier a consisté en une série de présentations avec visualisation d’un film explicatif du budget suivies de discussions durant la matinée. Alors que l’après midi a été consacrée à des travaux de groupes suivis de la validation de la déclaration commune des participants et des prochaines étapes.

Les deux premières présentations effectuées par SUA et Save the children, ont porté sur les raisons et objectifs de cette initiative. Essentiellement il a été noté une inaccessibilité d’informations budgétaires sur la santé maternelle et infanto-juvénile d’où l’importance de mener un plaidoyer budgétaire pour la réalisation des droits des mères et des enfants. La société civile a un rôle de participation, d’inclusion et de transparence à jouer dans la mise en œuvre de cette initiative.

Les recommandations de la commission des nations unies sur l’information et la redevabilité pour la SMIJ et les engagements du Sénégal à la stratégie mondiale, ont également été rappelées au cours de ces présentations. Il est recommandé aux pays de fournir de meilleures informations, de meilleurs résultats et un meilleur suivi des ressources pour la SMIJ. 

Le Sénégal s’était engagé à :
  •          Augmenter le budget de la santé de 10 à 15% avec une augmentation de 50% du budget de la SMIJ,
  •         Améliorer la coordination des initiatives SMIJ par la création d’une direction nationale mère enfant,
  •           Rétablir le comité national en charge de la mise en œuvre,
  •         Offrir une gamme complète des interventions à haut impact pour réduire la mortalité maternelle et infanto-juvénile dans 90% des centres de santé,
  •           Augmenter la couverture en accouchement assisté de 51 à 80%,
  •           Recruter des sages femmes et des infirmiers d’Etat.


La troisième présentation de la matinée a quant à elle porté sur l’état des lieux en matière de SMIJ par rapport aux OMD, les opportunités et défis.

La mortalité maternelle est passé de 510 décès maternels pour 100000 naissances vivantes à 392 en 2010 (cible pour 2015 = 130) ; la mortalité infanto-juvénile est estimée à 54 pour mille en 2014 (cible en 2015 = 44) ; le taux de prévalence contraceptive est à 20,3% (cible en 2015 = 27%).

Les opportunités nationales sont représentées par la mise en place d’une agence nationale pour la couverture maladie universelle, la décentralisation, le partenariat public privé, le Financement basé sur les résultats, la plateforme sur les initiatives à base communautaire, l’utilisation des TIC (mhealth), la carte des scores et la multisectorialité.

D’autres opportunités existent à un niveau plus global avec des initiatives telles que la CARMMA, « Every woman- every child », Réponse pour l’appel à l’action, le plan de sécurisation des produits essentiels à la SMIJ, l’initiative 2020 de la PF.

Les défis sont essentiellement constitués par :
-          L’insuffisance de personnel qualifié,
-          Les difficultés d’accessibilité géographique et financière des services de santé,
-          L’insuffisance d’équipement des structures,
-          La gestion insuffisante des urgences maternelles et infantiles,
-          Les barrières socioculturelles,
-          La sécurisation des produits,
-          L’implication du privé et
-          La gratuité à tous les niveaux.

La quatrième présentation a rappelé les défis et obstacles liés à l’élaboration et à l’exécution du budget.
Au cours de la phase préparatoire, les principaux défis et obstacles rencontrés sont :
-          L’absence de maîtrise des outils de planification,
-      La méthode de répartition de l’enveloppe ministérielle (analyse non exhaustive des résultats des années précédentes),
-          La non finalisation des documents dans les délais (projet DPPD et rapport de performance).

Lors de l’élaboration et de l’exécution du budget, il s’y ajoute :
-          La « non tenue » d’atelier résidentiel  d’élaboration,
-          Le non respect de certaines dispositions du décret sur la préparation du budget ;
-          Les ponctions budgétaires réduisant les crédits des administrations,
-          Les reprises d’engagement,
-          La « non maîtrise » des procédures de passation de marché public.

Les mesures d’amélioration à envisager sont :
-          La formation des acteurs impliqués dans la préparation et l’exécution du budget,
-          Le plaidoyer pour le respect des délais fixés par le décret sur la préparation du budget,
-          La dotation des services financiers de moyens pour tenir les ateliers d’élaboration des budgets.
La dernière présentation effectuée par SICODEV a souligné l’importance d’avoir une bonne CMU et d’en faire une loi, de bien expliquer la CMU aux populations, d’augmenter le budget de la santé et particulièrement celui de la CMU avec une bonne part de ce budget adressant la SMIJ.

Le profil sanitaire du pays dévoile de nombreuses inégalités aux dépens des femmes liées aux grossesses précoces et nombreuses occasionnant plus de dépenses en santé pour les mères et les enfants, à un mauvais état nutritionnel des mères et des enfants et à une inégalité d’accès à une couverture maladie des femmes. Plutôt que d’avoir plusieurs initiatives de gratuité (approche projet), il faut privilégier l’approche programme.

Les discussions ont tourné autour des points suivants :
  •       Nécessité d’avoir des informations sur les contributions des partenaires et des collectivités locales dans le financement de la SMIJ ;
  •          Nécessité de désagréger les informations budgétaires disponibles par titre pour analyser ceux qui va dans les dépenses de fonctionnement et ce qui est investi ;
  •           Nécessité de rendre compte sur l’utilisation des ressources allouées à tous les niveaux et surtout en matière de SMIJ ;
  •        Niveau d’exécution du plan national de planification familiale estimé à 83% avec un gap de milliards pour le finaliser d’ici 2015.
  •          Respect de l’engagement de porter le budget de la santé à 15% du budget national à coupler avec un taux conséquent d’investissement en santé per capita ;
  •           Format du texte de loi à adopter pour pérenniser la CMU : projet de loi plutôt que proposition de loi ;
  •           Non inclusion des députés dans la préparation du budget et l’arbitrage budgétaire ;
  •     Orientation nécessaire vers des financements innovants pour la CMU tels que les taxes spécifiques sur le tabac et sur le téléphone.
  •        Sollicitation des députés représentant le Sénégal au parlement de la CEDEAO pour débloquer les taxes sur les transferts d’argent verrouillés à ce niveau.


Les participants ont été répartis en deux groupes de travail dont les termes de référence consistaient à d’une part amender la déclaration commune et d’autre part réfléchir sur la participation de la société civile dans le plaidoyer budgétaire en matière de SMIJ.

Seule la déclaration a fait l’objet de restitution en plénière, suivie de sa validation et de a présentation des prochaines étapes ci dessous résumées :
-          Envoi des productions des groupes d’ici le 19 juin,
-          Feed-back des participants attendus pour le 3 juillet,
-          Renvoi de la version révisée le 17 juillet,
-          Finalisation des documents le 31 juillet,
-          Poursuite des travaux avec le ministère de la santé durant tout le mois d’août,

-          Atelier de validation du plan d’action de la plateforme en septembre.
DE LA JOURNEE DE
SENSIBILISATION DES PARLEMENTAIRES 
SUR LES MALADIES DERMATOLOGIQUES
DE LA FEMME SENEGALAISE
31 Mars 2015



La cérémonie d’ouverture a démarré à 10h05 à la salle Paul Corréa de l’IHS, sous la présidence du Dr Issa Wone. Le mot de bienvenue du Pr Fatimata Ly, présidente de l’Association Internationale d’Information sur la Dépigmentation Artificielle (AIIDA) a été suivi du discours de la présidente de la commission santé, population, affaires sociales et solidarité nationale de l’assemblée nationale Mme Haoua Dia Thiam.

La méthodologie de travail a consisté en une série de trois présentations suivies de discussions puis de sketch.

La première présentation faite par le Dr Ibrahima Ndiaye traitait de l’acné, dermatose inflammatoire des follicules pilosébacés du visage, du dos et de la poitrine avec formation de comédons. Il existe trois formes d’acné :
  • Acné rétentionnelle et comédogène,
  • Acné papulo-pustuleuse,
  • Acné nodulaire (grave avec séquelles à type de cicatrices chéloïdiennes).
Certaines complications peuvent survenir après disparition de l’acné, constituant une pathologie à part entière avec forte demande de consultations.

Les différentes formes étiologiques de l’acné se voient aussi bien chez le nouveau-né et l’enfant, qu’après ingestion de certains médicaments (certains contraceptifs, corticoïdes, vitamine B12, …), exposition au soleil, au chlore des piscines, au stress, utilisation de maquillage et absorption de certains aliments (repas trop sucré). L’acné est banale mais doit être traitée par le spécialiste qu’est le dermatologue.

L’acné peut être lié au clobetazol, corticoïde le plus puissant, vendu sur le marché (place publique), qui par ailleurs peut entrainer le diabète et bien d’autres pathologies d’où la nécessité d’avoir des textes juridiques interdisant cette vente libre du clobetazol que les femmes utilisent pour se dépigmenter.

La deuxième présentation faite par le Pr Mame Thierno Dieng, portait sur l’épidémiologie des maladies dermatologiques chez la femme. Les affections dermato-vénériennes sont fréquentes (au premier rang des motifs de consultation) et graves. Certaines causes sont intrinsèques (génétiques,…) et d’autres facteurs sont extrinsèques avec la dépigmentation artificielle au premier rang. Toutes les femmes peuvent être sujettes aux affections dermatologiques et vénériennes mais celles qui pratiquent la dépigmentation artificielle sont plus exposées par les infections et les cancers de la peau. Parmi ces infections dermatologiques il y a :
-          Erysipèle (infection dermatologique se rencontrant chez la femme pratiquant le xessal),
-          Dermo-épidermite nécrosante, Infection mycosique (traitement 80000F CFA), Gale.

Des vergetures irréversibles, l’acné grave et d’autres dermatoses peuvent survenir aussi avec la dépigmentation artificielle. Certains cancers de la peau aussi peuvent se voir au niveau de la peau du fait du xessal et de la bouche avec les fumeurs.
La conclusion de cette présentation a souligné la triple responsabilité des universitaires consistant à enseigner, faire de la recherche et soigner, donc l’université appartient à la société dont elle doit satisfaire les besoins médicaux de tous les sexes.

La troisième présentation faite par le Pr Fatimata Ly a mis le focus sur les dermatoses infectieuses et les troubles pigmentaires liés à la dépigmentation artificielle.

Les infections infectieuses les plus courantes liées au xessal sont la dermo-hypodermite bactérienne, la gale diffuse, la mycose diffuse, la candidose diffuse.

Les troubles pigmentaires liées au xessal sont à type :
-         d’ochronose exogène (avoir la biopsie facile car siège fréquent de cancer) autour de la bouche, du dos ou des doigts due aux produits à base d’hydroquinone (interdits en Europe)
-          d’hyperpigmentation interdigitale, périorbitaire, post dermite caustique
-          de lupus like, dermatosis papulosa nigra, poïkilodermie, d’atrophie cutanée.

Les cancers cutanés sont de plus en plus fréquents sur peau noire et cela est dû au xessal.

Recommandations issues des présentations et discussions :
-     Conduire une mission dans certains établissements favorisant la dépigmentation artificielle (MKM, pharmacie Colobane, QEI…),
-          Retirer les dermocorticoïdes au niveau des marchés,
-          Exercer des contrôles réguliers auprès des commerçants de produits cosmétiques,
-          Interdire la publicité des produits cosmétiques dépigmentant au niveau des médias,
-       Eviter de faciliter la vulgarisation des produits cosmétiques dépigmentant pour résoudre des problèmes de fiscalité (code des impôts du 31/12/2012 taxant à 10% ces produits),
-          Etendre la sensibilisation aux populations des 14 régions du Sénégal avec images à l’appui,


Le Sketch final avait pour thème les méfaits du xeesal et les actions de sensibilisation à mener pour conscientiser les populations sur ce fléau.

Panel de haut niveau pour la restitution de l'enquête Guttmacher sur l'avortement provoqué au Sénégal

Panel de haut niveau pour la restitution des résultats de l’étude sur « l’incidence et la morbidité de l’avortement provoqué au Sénégal »
Le 15 avril 2015, Ngor Diarama



La cérémonie d’ouverture du panel de haut niveau pour la restitution des résultats de l’étude sur « l’incidence et la morbidité de l’avortement provoqué au Sénégal a démarré vers 10 heures, sous la présidence de l’Association des Femmes juristes (AJS), membre de la task force. Plusieurs allocutions se sont ainsi succédé, celles du président de la commission des lois de l’assemblée nationale et celles des représentants des ministères de la justice et de la santé.

Les principaux résultats de l’étude ont montré que :
  •          51500 avortements provoqués ont été recensés au Sénégal en 2012
  •        17 pour mille femmes âgées de 15 à 44 ans sont concernées (Dakar : 21 pour mille et le reste des régions 15 pour mille) ;
  •          La plupart de ces avortements surviennent en milieu non médical ;
  •     55% des sénégalaises qui se font avorter rencontrent des complications et seules 32% de ces complications sont traitées ;
  •          Plus on est pauvre, moins on traite ces complications, moins on a accès aux soins de qualité.
  •     Plusieurs méthodes sont utilisées au Sénégal pour interrompre la grossesse : l’ingestion d’agents caustiques ou de plantes, l’aspiration manuelle, etc…

Au Sénégal 31% des grossesses ne sont pas planifiées.
Certaines limites de l’étude ont été relevées.

Pour réduire les conséquences de l’avortement à risque, il faut :
-          Assurer une disponibilité constante d’équipements de prestataires pour les soins post avortement (SAA) ;
-          Assurer une plus grande équité dans l’accessibilité aux soins de qualité.

Cette présentation des résultats a été suivie de questions ayant essentiellement porté sur :
-          Les structures incluses dans l’enquête,
-          La nature des avancées réalisées par le système de santé du Sénégal en matière de prise en charge des avortements.

Une deuxième présentation effectuée par le représentant du ministère de la santé, a traité de l’avortement comme enjeu de santé publique avec ses complications précoces, secondaires et tardives. Une troisième présentation effectuée par un membre de l’Association des Femmes Médecins du Sénégal a porté sur les personnels de santé face à la problématique de l’interruption de grossesse. La dernière présentation de la matinée effectuée par un membre de l’AJS a rappelé l’environnement juridique de l’interruption de grossesse.

Les points saillants des discussions à la suite de trois dernières présentations matinales ont tourné autour :
  •         des blocages à la révision de la loi,
  •       des exceptions soulignées par l’article 14 du protocole de Maputo, pouvant autoriser l’avortement médicalisé (viol, inceste, risque pour la vie de la mère ou de l’enfant),
  •           de l’importance d’avoir la loi avec les femmes,
  •     du faible niveau de connaissance des lois par les populations en général et de la pilule du lendemain en particulier par les femmes,
  •           des responsabilités des parlementaires, des juges, des médecins face à cette question lancinante.


Les recommandations formulées étaient les suivantes :

Générales :
  •          Travailler tous ensemble pour parvenir à faire réviser nos textes juridiques et à harmoniser notre législation avec les conventions internationales signées par notre Etat sans réserve ;
  •       Procéder à la prise en charge précoce et gratuite des cas de viol pour traiter la victime et la protéger d’une éventuelle grossesse ;
  •           Vulgariser les résultats de l’étude Guttmacher.


A l’endroit de la task force :
-     Utiliser l’approche participative et inclusive de tous les segments de la population pour relever ensemble les défis dans le domaine des droits sexuels et reproductifs des femmes.

A l’endroit des juges pour les cas de viols déclarés suivis de grossesse :
-          effectuer le jugement de viol dans des délais plus courts et

-          autoriser au stade de la poursuite l’avortement médicalisé au bénéfice du doute ou au moins au stade de l’inculpation avant que la grossesse n’avance au-delà du terme légal pour procéder à son interruption.
REUNION D’ECHANGES D’EXPERIENCES DE  PAYS  AFRICAINS 
EN MATIERE D’ADOPTION ET DE MISE EN ŒUVRE DE LOIS ANTI TABAC
03/11/2015




              RAPPORTEUR : DOCTEUR MAME MBAYEME GUEYE DIONE



La deuxième vice-présidente de la commission santé a été invitée par la fondation Bill & Melinda Gates à participer à un atelier d’échanges d’expériences de pays africains sur les processus d’adoption et de mise en vigueur des lois anti-tabac. Cet atelier s’est tenu le 03 novembre 2015 à Addis Abeba, à l’hôtel Radisson Blu. La société civile sénégalaise était également représentée par l’association « Prévenir » et la ligue sénégalaise contre le tabac (LISTAB). Les objectifs visés par l’atelier étaient la compréhension partagée sur la mise en œuvre des politiques de lutte anti-tabac et le partage de connaissances sur l’économie du tabac.

Ainsi, lors de la cérémonie d’ouverture de l’atelier, le ministre de la santé de l’Ethiopie et la présidente de la commission affaires sociales de l’Assemblée nationale éthiopienne ont amorcé le partage des succès obtenus dans leur pays dans le cadre de la lutte contre le tabac. Le directeur Afrique de la fondation Bill & Melinda Gates, dans son discours d’ouverture a souligné que le développement du continent sera accéléré par la réduction des conséquences du tabac.

Les échanges se sont poursuivis avec quatre panels suivis de discussions, puis il y a eu deux communications de l’UEMOA et de l’UA, également suivies de discussions.

Déroulement de l’atelier

Premier panel : histoire de la lutte contre le tabac en Ethiopie
Ce panel modéré par le représentant pays de la fondation Bill & Melinda Gates, comptait par ailleurs un représentant du ministère de la santé d’Ethiopie, un représentant de l’Autorité de contrôle des aliments, des médicaments et de l’administration des soins de santé et le chef de l’organe de régulation du bureau santé de la région de Tigray. Prenant successivement la parole pour répondre aux questions du modérateur, les panélistes ont partagé l’expérience de la lutte contre le tabac en Ethiopie.

Le gouvernement éthiopien a entrepris juste après la ratification de la CCLAT plusieurs activités, notamment l’élaboration d’une directive pour le contrôle du tabagisme, de nombreuses activités de sensibilisation des parties prenantes par rapport à cette directive et l’élaboration d’un plan stratégique national pour le contrôle du tabagisme.

La dernière enquête de prévalence a révélé un taux de 7% d’adultes qui fument. Le tabac actuellement coûte moins cher que le pain en Ethiopie. L’augmentation du prix du tabac et de la taxe sur le tabac est en cours d’examen. Après le plan stratégique élaboré, l’option serait d’aller vers l’élaboration d’un plan d’action multisectoriel pour renforcer la collaboration intra pays mais également régionale avec les pays voisins.

Au niveau de la région de Tigray, abritant la première ville sans tabac de l’Ethiopie, un dialogue avec toutes les parties prenantes a été entretenu pendant un an et demi à travers des fora de discussion. Avec la rédaction de la proposition de loi, il y a eu de la résistance de la part de certains décideurs. La loi locale a été promulguée. Avec les communautés de sensibilisation, des ateliers de sensibilisation ont été effectués pour les propriétaires de restaurants, d’hôtels et le personnel administratif des écoles. Toutes ces activités renforcées par une campagne média au niveau de la capitale régionale ont permis au public de s’approprier l’esprit de la loi et aujourd’hui toutes les villes de la région de Tigray sont des villes sans tabac. Les leçons apprises de l’adoption et de l’application de la LAT au niveau de cette région sont l’engagement politique très fort, l’organisation des populations ayant favorisé l’engagement communautaire et le travail en harmonie avec des objectifs communs.

S’agissant des ressources allouées à la lutte contre le tabac en Ethiopie, le plan stratégique est chiffré à huit millions de birs (USD). Le financement de ce plan est attendu du gouvernement éthiopien et des partenaires au développement. Il est en effet nécessaire d’allouer des ressources aux ministères de la santé, du travail, de la recherche (pour les enquêtes à mener) et de l’éducation, vu que 22 millions de jeunes fréquentent les écoles. Les activités de communication et de plaidoyer sont coûteuses mais il y a eu soutien des PTF tels que la fondation Bill & Melinda Gates.

Les discussions soulevées dans ce premier panel ont eu trait à l’agenda du contrôle du tabac au plan mondial, l’accélération de la rationalisation de la couverture sanitaire universelle misant sur l’augmentation des ressources fiscales et des ressources financières en général pour couvrir les deux initiatives.

Deuxième panel : défis par rapport à l’interférence des industries du tabac (IT)
Ce panel modéré par le secrétaire exécutif intérimaire de l’African Tobacco Control Alliance (ATCA), a également vu la participation d’un parlementaire du Nigéria, d’un parlementaire de l’Uganda, d’une représentante du ministère de la santé du Kenya et du responsable de l’ONG kenyane « Kenya Tobacco Control Alliance».

Pour l’Ouganda, il a fallu trois ans pour arriver à un texte final approuvé. L’industrie du tabac a utilisé des méthodes directes et indirectes pour retarder l’adoption de la loi antitabac, en agissant auprès des agriculteurs ougandais, en manipulant un membre du gouvernement et en intimidant quelques parlementaires qui ont toutefois tenu bon. Toutes les parties prenantes se sont liguées contre l’IT pour s’opposer à l’importante réduction de la taxation sollicitée (passage de 55% à 11%). Et finalement la taxe a été ramenée à 45%.

Au Nigéria des activités de lobbiying ont été menées par l’IT auprès des parlementaires et il est noté un changement d’approche médiatique pour faire la promotion de leurs produits à travers les TIC d’où la nécessité de rester lucides et constants par rapport aux activités de plaidoyer.

Quant au Kenya, il a célébré en février dernier les dix ans de mise en œuvre de sa LAT. Dans ce pays, l’IT a suivi des responsables politiques pour réaliser des œuvres sociales et participé à la définition des structures complexes de taxation afin de protéger leurs produits sur le marché kenyan. Les groupes protégeant les droits des consommateurs ont été d’un grand appui pour la lutte antitabac au Kenya.

Durant ce panel, les discussions ont porté sur la bonne coordination régionale au niveau des partenaires, la signature d’accords entre douze pays en faveur de la mise en place du paquet neutre de cigarettes

Troisième panel : que se passe-t-il après le vote d’une nouvelle LAT ? Débat autour de la mise en œuvre de la politique
Le troisième panel modéré par le manager des affaires externes et du partenariat de l’ONG « The African Capacity Building Foundation » (ACBF) a enregistré la participation de la vice-présidente de la commission santé de l’Assemblée nationale sénégalaise, de la vice-présidente des programmes internationaux de l’ONG américaine « Campaign For Tobacco Free Kids » (CTFK) et du directeur exécutif du Conseil National anti-tabac de l’Afrique du Sud.

Au Sénégal, cinq éléments clés ont été décisifs pour le vote unanime de la LAT en mars 2014 :
  1. le partenariat exemplaire entre les parlementaires et la société civile (Ligue sénégalaise contre le tabac et bailleurs),
  2. l’engagement des députés sensibilisés à travers plusieurs sessions de renforcement de capacités, des lettres de rappel et une pétition en ligne de la LISTAB,
  3. l’engagement du gouvernement notamment du ministre de la santé à faire voter le projet de LAT,
  4. le soutien acquis des religieux,
  5. la bonne collaboration entre le parlement- le gouvernement et la société civile marquée par la célébration de la journée mondiale de lutte contre le tabac dans les murs de l’assemblée nationale en mai 2013. Cette célébration a permis aux élèves de prononcer une déclaration à l’endroit des députés pour l’adoption d’une LAT forte les protégeant et aux députés de la douzième législature de s’engager à travers une déclaration d’honneur, de ne jamais accepter d’être sponsorisés par l’industrie du tabac dans le cadre de leurs activités politiques.
Pour renforcer de manière pérenne les capacités techniques et financières du gouvernement pour lutter contre le tabagisme, les députés devraient vérifier à travers des questions écrites, orales, d’actualités et au cours des sessions de travail en commissions techniques et en plénières :
-   l’existence d’allocations budgétaires conséquentes au niveau des ministères techniques concernés par la mise en œuvre du plan national de lutte contre le tabac (exemple : Au niveau du MEFP, prise en compte des indicateurs traceurs de la LAT dans les EDS continus effectués par l’ANSD),
-          l’état de mise en œuvre du plan national de LAT,
-      l’existence de mesures administratives ou politiques simples par les décideurs en faveur de l’application effective de la LAT (exemple : une circulaire ministérielle d’information des inspections d’académie sur la mise en vigueur effective de la LAT et l’interdiction de fumer dans les écoles, à afficher dans les structures).

Après le vote de la LAT, le ministère de la santé s’est lancé dans la rédaction des décrets d’application, a commandité avec l’appui des PTF et de l’ANSD une enquête nationale de prévalence du tabagisme chez les adultes (GATTS), a installé le comité national de lutte contre le tabac et invité par circulaire ministérielle les gouverneurs et préfets à installer les comités régionaux et département de lutte contre la tabac. Pour une meilleure coordination de la lutte anti-tabac au niveau national, un numéro vert gratuit pourrait être mis en place afin de permettre au tout citoyen sensibilisé et aux membres des comités de lutte contre le tabac de reporter les cas d’infraction. De même un bulletin électronique, trimestriel d’informations permettraient aux acteurs d’être informées des activités menées et des planifications des différents comités.

En Afrique du sud, grâce au processus de renforcement de la législation anti-tabac, la mortalité liée au tabagisme a pu être réduite de 50%. Depuis 1993, un texte de lois interdisant la vente de tabac aux enfants a été adopté et les citoyens ont utilisé la LAT pour exiger que leurs droits soient préservés. Du fait des nombreuses tactiques de l’industrie du tabac pour affaiblir la loi, cette dernière est régulièrement révisée. Malgré l’interdiction de la publicité ; l’IT utilise les sms, internet et des soirées privées pour faire du marketing viral pro-tabac. Et aujourd’hui l’Afrique du sud compte encore 6 millions de fumeurs de cigarettes et 200000 utilisateurs de la cigarette électronique.

La contribution de la vice-présidente de CTFK a porté sur la mise en œuvre effective des LAT adoptées pour impacter sur la prévention des maladies liées au tabagisme. Les gouvernements en cela doivent être appuyés par la société civile. La mise en œuvre peut prendre beaucoup de temps et nécessite un effort de plaidoyer continu, d’autant plus que le gouvernement est souvent harcelé par plusieurs questions. Il y a cependant nécessité de démarrer vite pour pallier aux lenteurs administratives qui inévitablement surviennent par la suite. Elle a ensuite présenté des exemples d’implantations réussies de LAT notamment en Russie et au Vietnam.

Au cours des discussions abordés, il a été fait état du niveau d’avancement des décrets d’application de la LAT du Sénégal, arrivés pratiquement en fin de circuit.

Quatrième panel : aspects économiques de la lutte anti-tabac (taxation)
Les différents panélistes ont tour à tour abordé les points suivants :

Kenya : cette année 6 milliards de shilling obtenus avec la taxation (accroissement de 20%) ; augmentation de la taxation du tabac à 46%. Un changement de paradigme est noté avec l’implication du ministre de la santé, la prise en compte des avis de la société civile consultée. Il y a eu changement des structures de la taxation cinq fois, allant de la taxe ad valorem à la taxation par 1000 bâtons de cigarettes (25 dollars).

Banque mondiale : Un groupe d’experts s’est réuni en 1999 sous l’égide de la banque mondiale pour réfléchir à comment mettre fin à l’épidémie du tabagisme. Le coût social du tabagisme est très élevé. Il faut une approche multisectorielle pour permettre de consolider l’imposition et étendre la base de l’imposition avec implication de toutes les parties prenantes.

OMS : L’OMS a travaillé dans la région africaine avec la fondation Bill & Melinda Gates. La taxe peut s’élever à 17%. Plus de 60% des pays en Afrique sub-saharienne utilisent des taxes datant de l’époque coloniale. Le prix du paquet de cigarettes est très bas en Afrique. Il faut augmenter la taxe sur le tabac et le prix des paquets de cigarettes, réduire l’accessibilité des populations au tabac et éviter les fluctuations. Entre 1990 et 2013, le paquet de cigarette est devenu cher dans les pays riches mais non dans les pays pauvres. Un tiers des pays en développement ont pu accéder plus au tabac qu’aux boissons alcoolisées. Il faudrait se baser sur les blocs économiques plus développés en Afrique pour organiser des unions douanières régionales. Le Nigéria essaye de taxer plus la téléphonie mobile pour faire avancer l’agenda de la lutte contre le tabac. Il ne faudrait pas sous-estimer les industries du tabac qui essayent d’infiltrer les ministères de la santé et du commerce.

A la suite de leurs interventions les discussions ont porté sur :
-          les soutiens en termes d’impôts pour la santé et les réticences à avoir des taxes spécifiques sur le tabac pour financer la santé,
-       la comptabilisation des taxes de manière appropriée ou pas, la structure fiscale de la taxe à coupler avec un renforcement du contrôle,
-          le trafic illicite de tabac et les méthodes de le contrer résumé au sein du protocole additionnel de l’OMS.

Faisant suite à ce quatrième panel, la communication de l’UEMOA a porté sur comment les communautés économiques régionales peuvent faire avancer le contrôle du tabagisme. La fiscalité doit être un instrument efficace pour mobiliser les ressources nécessaires au financement public. C’est ainsi qu’en 1998, des droits d’accise ont été identifiés au niveau communautaire pour un certain nombre de produits dont la cigarette. Cependant il n’y avait pas d’objectif de lutter contre le tabac derrière cette mesure. Des taux plafond de 45% et plancher de 15% ont été fixés. L’OMS a contacté l’UEMOA pour réaliser un travail régulier en 2013-2014 en vue de l’adoption d’une feuille de route pour crever le plafond de 45%. Les états étant souverains, peuvent s’arroger le droit d’augmenter la taxation sur le tabac pour financer certaines politiques ou initiatives, mais en veillant à ne pas engendrer la fraude. Ceci est d’autant plus important que certains états membres aux frontières très étendues, la surveillance efficace de ces frontières est impossible.
Le Bénin a créé son écotaxe et le Sénégal a adopté une surtaxe de 20%.
Le plancher a été relevé à 35% et il a été recommandé que la taxe représente au moins 50% du prix du détail de la cigarette.
La structure de la taxe comprend les droits de douane, le droit d’accise, la TVA et la surtaxe.
La Turquie a mis en œuvre le mécanisme MPOWER, ce qui lui a permis de maîtriser la fiscalité du tabac, la contrebande et la prévalence du tabagisme, essentiellement grâce à un marquage depuis le lieu de fabrication du tabac.
La maîtrise de toute l’assiette permet une mobilisation de beaucoup de ressources. Il faut cependant garder à l’esprit que lorsque l’impôt devient confiscatoire, les gens s’opposent (sociologie de l’impôt) et préférer des droits d’accise fixes (300 à 500 F par paquet de cigarette vendu au pourcentage élevé.

La communication de la commission de l’Union Africaine a traité de la lutte contre le tabagisme et les maladies non transmissibles au sein de l’institution. L’institution encourage les pays membres à ratifier la CCLAT et le protocole contre le commerce illicite de tabac. Par ailleurs, elle envisage de mesurer les progrès des pays signataires. Toutefois l’un des plus grands défis réside dans le fait que certains pays membres sont entièrement dépendants du commerce du tabac constituant parfois 75% des recettes et 10% du PIB. Egalement la ratification n’implique pas l’application de la loi dans certains pays. Il faudrait promouvoir le dialogue entre ministères de la santé et de l’agriculture afin de trouver des alternatives à la culture du tabac pour les agriculteurs qui en dépendent.

Les discussions pour ces deux communications ont tourné autour des atouts (barrière protectrice de la mer entourant des pays tels que Madagascar, la Réunion et les Seychelles, contre le commerce illicite) et problèmes spécifiques à certains pays liés à l’étendue de leurs frontières (Mali et Niger).

La synthèse journalière des recommandations clés a permis de mettre le focus sur la nécessité de :
-          continuer à innover pour ne pas être rattrapé par l’IT,
-          battre le fer pendant qu’il est chaud (après le vote des LAT, ne pas les laisser dormir),
-          investir dans les médias de masse en s’assurant que le média sélectionné est convaincu que le tabac est l’ennemi,
-          retenir qu’il n’y a pas de prévalence basse du tabagisme.

La cérémonie de clôture a permis de revenir sur les recommandations formulées par les participants au cours de la journée et d’avoir les appréciations de la fondation Bill & Melinda Gates.


Fait à Dakar le 04/11/2015

Atelier de sensibilisation sur l'avortement médicalisé

COMPTE RENDU DE L’ATELIER DE SENSIBILISATION ET D’ECHANGES SUR LES PROBLEMATIQUES LIEES A L’ACCES A L’AVORTEMENT MEDICALISE

17-18 DECEMBRE 2015
HOTEL IRIS/ TOUBAB DIALAW


Un atelier de sensibilisation et d’échanges sur les problématiques liées à l’accès à l’avortement médicalisé s’est tenu les 17 et 18 décembre 2015 à l’hôtel Iris de Toubab Dialaw, en présence d’une délégation de onze députés dirigée par le président de la commission santé Monsieur Aimé Assine.

L’objectif général de l’atelier était de contribuer à renforcer le plaidoyer pour la dépénalisation de l’avortement en cas de viol, d’inceste ou de menace pour la santé physique ou mentale de la mère.
Les objectifs spécifiques consistaient à :
-        Faire comprendre aux participants les enjeux de l’avortement,
-       Mieux outiller les membres du gouvernement et du parlement pour soutenir l’adoption de la loi sur l’accès à l’avortement médicalisé,
-        Créer les conditions d’appropriation de la lutte pour l’accès à l’avortement médicalisé.

Cet atelier de deux jours s’est déroulé à travers deux séries de trois présentations suivies de discussions le premier jour ; puis au deuxième jour une septième communication et le projet de loi de la task force ont été présentés, débattus et suivis de propositions de plan d’action, recommandations et prochaines étapes. La task force regroupe 22 structures et associations luttant pour la défense de la cause de l’avortement médicalisé

Ouvrant la séance, le président de la commission santé a successivement donné la parole à Mme Soukeyna Ndao Diallo de l’AJS puis au juge Abdoulaye BA, représentant du ministre de la justice. Mme Diallo, après avoir remercié les parlementaires et les membres de la task force, est revenue sur la nécessité de voter la loi sur l’avortement médicalisé lorsqu’elle sera déposée à l’assemblée nationale. Le juge Ba a axé son propos sur le fait qu’il faut éviter aux victimes d’abus sexuels (incestes, viols) de porter des grossesses non désirées et préserver les bébés de la honte dès leur naissance. Le président de séance a insisté sur le dilemme posé par les discordances entre le protocole de Maputo ratifié sans réserve par notre pays et nos textes juridiques que sont le code pénal et le code de déontologie médicale. Il a clos son discours en revenant sur la nécessité de soulager les victimes que sont les abusées et ceux qui naissent de ces actes d’abus sexuel.

Première communication : Résultats de l’étude Guttmacher sur l’avortement provoqué au Sénégal (2013, CRDH) par le chercheur Amadou Assane Sylla
Cette étude avait pour objectifs d’estimer l’incidence de l’avortement, l’incidence et le traitement des complications de l’avortement provoqué et les disparités entre les populations de femmes. Cette estimation s’est faite de façon indirecte en recherchant les complications liées à l’avortement et traitées dans les structures de santé. Les principaux résultats trouvés par l’étude Guttmacher sont les suivants :
-         En 2012, 51500 cas d’avortements provoqués ont été recensés portant l’estimation à 17 pour 1000 femmes âgées de 15 à 45 ans (2%) ;
-          Dakar présente le plus fort taux 23,5 pour 1000 contre 14,1 pour 1000 pour le reste du pays ;
-          55% des femmes qui se font avorter ont des complications nécessitant un traitement médical ;
-         42% d’entre elles n’ont pas de traitement adéquat (soins après avortement) et 23% n’ont pas de traitement ;
-          Les femmes pauvres courent les plus grands risques : 42% d’entre elles vivent en zone rurale et 32% en zone urbaine.

L’incidence moyenne des avortements à risque pour l’Afrique de l’Ouest est de 28 pour 1000.
Une des principales recommandations de cette étude est d’assurer la disponibilité des soins post avortements aussi bien en zone rurale qu’urbaine (équipements et prestataires formés).

Deuxième communication : les violences basées sur le genre, quelques statistiques par Mme Amy Sakho
Les deux boutiques de droit (Guédiawaye et Médina) ont enregistré 250 cas de viol de janvier à novembre 2015 survenus chez des filles âgées de 3 à 18 ans, dont 52 suivis de grossesses et 25 cas d’incestes.
Les statistiques de la direction de l’administration pénitentiaire pour la prison des femmes de Liberté VI ont permis de dénombrer sur 116 femmes incarcérées : 31 cas d’infanticide dont 16 effectués par des mineures. Le rapport 2014 de l’AJS/AFEMS/ Haut-commissariat des droits de l’homme a révélé que sur 5 prisons visitées, l’infanticide était la deuxième cause d’incarcération des femmes après le trafic de stupéfiants.
Mme Sakho a conclu en rappelant que « la vie n’est pas que physique, elle est aussi psychologique ».

Ces deux premières présentations ont été suivies de discussions ayant essentiellement tourné autour des points suivants :
-   Qu’est ce qui est entrepris à l’endroit des violeurs, de ceux qui abusent sexuellement des fillettes et jeunes filles ? ;
-    Les problèmes psychologiques induits chez le personnel de santé confronté à ces cas récurrents ;
-         Les carences de la communication par rapport à la gestion de ces cas et l’hypocrisie au sein de la société ;
-       Les raisons du plus fort taux de prévalence d’avortement provoqué trouvé à Dakar (enquête Guttmacher) pouvant être liées à son poids démographique, à la forte concentration des structures de santé et à la recherche de l’anonymat urbain.

Troisième communication : l’environnement juridique de l’interruption de grossesse par Mme Soukeyna Ndao Diallo
Au Sénégal sur cinq femmes qui meurent chaque jour pour causes liées à la grossesse ou l’accouchement, une décède suite à des complications secondaires à un avortement clandestin.
Les textes juridiques internationaux et nationaux portant sur l’interruption de grossesse sont :
-          L’article 14 du protocole de Maputo ratifié sans réserve par l’Etat du Sénégal et la CEDEF ;
-          Les articles 305 et 305 bis du code pénal ;
-          La loi sur la santé de la reproduction (articles 1er- 3 -9- 15) ;
-          Le code de déontologie médicale (article 35).
La task force souhaite que :
-          L’avortement forcé et l’avortement exécuté par une personne non qualifiée soit réprimée ;
-          L’abrogation de l’article 305 bis du code pénal et la modification de l’article 35 du code de déontologie médicale ;
-          Le renforcement de l’accès à la PF pour satisfaire les besoins en PF des femmes.
Mme Diallo a conclu sa présentation par la citation suivante : « Si les femmes sont toujours victimes et souvent auteurs des faits d’avortement, les hommes sont quant à eux auteurs du fait GENERATEUR ».

Les discussions qui ont suivies cette quatrième communication ont mis l’accent sur :
-          Les notions de viol (qualification prononcée par le tribunal souvent après un délai assez long), d’interruption de grossesse (possible sur la période très courte des trois premiers mois de grossesse) et d’infanticide (interruption de la grossesse au-delà de ces trois premiers mois de grossesse et à l’accouchement d’un enfant vivant) ;
-          La difficulté d’avoir une décision judiciaire en trois mois ;
-          La cherté du test d’ADN (300000 F.CFA) ;
-     La gestion des cas de viols suivis de grossesse selon une approche multisectorielle avec l’implication des secteurs ministériels devant défendre la cause de l’avortement médicalisé (santé, justice, femme).

Quatrième communication : les enjeux sociaux liés à l’avortement par Mme Penda Seck Diouf
Après trois récits de vie poignants, les points abordés lors de cette communication ont porté sur :
-          La peur de la sanction sociale, l’humiliation et la stigmatisation qui font que du point de vue sociétale, il est important que cet enfant ne naisse pas et qu’il y ait interruption naturelle ou volontaire de la grossesse ; le refus de porter le lourd fardeau à vie de cet enfant qualifié de « haram » (impur) ;
-          La problématique du droit à l’avortement médicalisé qui n’est pas un droit comme les autres ;
-          Les conséquences sociales de l’interdiction de l’avortement médicalisé (naissance d’un enfant non désiré, décès de femmes suite à des complications d’avortements non sécurisés, drames familiaux avec comme toile de fonds l’avortement clandestin, emprisonnements suite à des avortements clandestins ou infanticides) ;
-          Les défis à relever : redéfinition du concept à conation négative de l’avortement médicalisé, information et sensibilisation des populations sur l’article 14 de Maputo, publication du protocole de Maputo, implication de toutes les catégories sociales, communication avec les parlementaires) ;
-          La part de l’avortement dans la difficulté à atteindre les OMD 4 et 5.

Cinquième communication : les personnels de santé face à la problématique de l’interruption de grossesse par Dr Seynabou Ba Diakhaté
La fréquence de la pandémie des avortements à risque est sous-estimée. Elle concernerait 10 à 20% des grossesses et serait responsable de 80000 décès maternels dans le monde soit 220 femmes qui meurent par jour suite aux complications d’avortements non sécurisés. Au Sénégal, sur 5 décès maternels, un décès est lié à l’avortement. L’avortement est défini par l’OMS comme une interruption de la grossesse survenant avant 22 semaines d’aménorrhée ou quand le produit de contraception expulsé est inférieur à 500 grammes.
Les prestataires gèrent deux cas de figures :
-          L’avortement spontané, dont la prise en charge est relativement simple ;
-          L’avortement clandestin ou non sécurisé, vrai casse-tête avec son lot de complications devant être traitées en urgence.
La première difficulté à laquelle le prestataire fait face est le déni du délit. Seules l’expérience et la perspicacité de l’agent, devant la variété et l’extravagance des méthodes abortives utilisées, peuvent amener la patiente a avoué pour diagnostiquer l’avortement clandestin avec certitude.
La prise en charge de l’avortement nécessite souvent une réanimation médicale, une prise en charge psychologique (culpabilité, dépression) et une prise en charge des complications et séquelles (infertilité consécutive).
Le personnel de santé peut être :
-          Amené à réaliser une interruption thérapeutique de grossesse (acte autorisé mais peu connu, peu usité) ;
-          Confronté au dilemme de la dénonciation de la patiente ayant avorté clandestinement ;
-          Tenté à une offre d’avortement médicalisé dans un contexte d’illégalité réelle (au Sénégal, il existe très peu d’études sur l’implication du personnel de santé dans les avortements clandestins).
Les attitudes du personnel de santé varient devant ces trois cas de figures :
-          Sympathie, conseils et orientation de la patiente devant subir une interruption thérapeutique de grossesse ;
-          « fermer les yeux » et ne pas dénoncer la patiente ayant subi un avortement clandestin ;
-          Appât du gain pouvant les amener à être auteur d’un avortement médicalisé illégal.
Toujours est-il que le personnel de santé, face aux convictions socio-culturelles et religieuses est souvent confronté au dilemme de devoir sauver et à la sagesse d’obéir à la loi.
Actuellement, devant un cas de grossesse non désirée, la conduite à tenir par le personnel médical consiste à diagnostiquer la grossesse, en déterminer l’âge, rappeler à la patiente les risques encourus par l’avortement et proposer un suivi prénatal gratuit.
Trois questions doivent être traitées pour légaliser l’avortement médicalisé :
-          Pour qui : les victimes de viols et d’incestes suivis de grossesse et celles encourant des risques pour leur santé physique ou mentale en cas de poursuite de la grossesse ;
-          Quand : entre 0 et 120 jours ;
-          Où : dans des centres spécialisés ou plutôt dans des services intégrés dans les unités de santé de la reproduction.

Sixième communication : religions et interruption de grossesse par Mme Aida Ndoye du Réseau Siggil Jigen (RSJ)
Cette communication était en fait un compte rendu des visites de courtoisie effectuées auprès des familles et autorités religieuses pour les sensibiliser sur l’avortement médicalisé. Ces visites ont permis à la task force d’obtenir l’aval de ces familles et autorités religieuses pour participer à l’élaboration de l’argumentaire religieux.

Les discussions après la deuxième série de trois communications ont porté sur la nécessité :
-       d’agir aussi en amont pour prévenir les cas de viols (exemple : en assurant aux jeunes filles dans les lycées des cours de self défense) ;
-          d’assurer une éducation sexuelle aux jeunes pour qu’ils aient un comportement responsable et évitent les grossesses non désirées ;
-          d’alourdir les peines prévues contre les violeurs et auteurs d’incestes ;
-   de respecter le droit à l’information des populations et de ne pas faire de l’avortement médicalisé un sujet tabou.

Septième communication = « un défi de santé publique : l’avortement à risque au Sénégal », traitée par Mme Adama Sanokho
Les avortements à risque constituent 50% des motifs d’admission en urgence. Leurs coûts varient de 15000 à 500000 F CFA selon :
-          l’âge de la grossesse : plus elle est avancée, plus le coût est élevé ;
-          le statut de l’auteur de la grossesse : marié ou célibataire ;
-          le lieu où s’effectuera l’acte : clinique ou cabinet ;
-          le pratiquant : plus il est qualifié, plus le coût est élevé.
Le rapport coût- efficacité dans la gestion des soins est lié :
-          au traitement des complications de l’avortement provoqué fait dans de mauvaises conditions,
-          à la fourniture des soins d’urgence et
-          à la formation complémentaire du personnel pour maintenir un niveau de compétence le plus élevé.
Les stratégies pour lutter contre les avortements à risque sont entre autres :
-          la sensibilisation continue, le renforcement de la communication entre parent et enfant sur l’éducation sexuelle (abstinence),
-          la promotion de la planification familiale particulièrement des préservatifs pour les personnes sexuellement actives, la promotion de la santé de la reproduction des adolescents et des jeunes,
-          la mise à contribution des autres secteurs du développement.
Il faut prévenir les avortements à risque et leur lot de complications au niveau :
-          communautaire par l’éducation sexuelle des filles et une bonne communication entre parent et enfant
-          des prestataires par la prévention des grossesses non désirées (counseling abstinence ou contraception) et l’amélioration de la qualité de l’accueil surtout des adolescents
-          de l’Etat par :
o   l’accessibilité et la disponibilité des soins de santé sexuelle et reproductive à l’échelle nationale,
o   la généralisation de l’éducation à la vie familiale dans les écoles,
o   la révision des textes de loi nationaux relatifs à l’avortement et la lutte contre la pauvreté.


Le projet de loi de la task force a ensuite été présenté puis discuté et des propositions d’amélioration du plan d’action de la task force, des recommandations et les prochaines étapes ont été formulées. (cf rapport AJS)