Panel de haut niveau pour la restitution des résultats de l’étude sur
« l’incidence et la morbidité de l’avortement provoqué au Sénégal »
Le 15 avril 2015, Ngor Diarama
La cérémonie d’ouverture du panel
de haut niveau pour la restitution des résultats de l’étude sur
« l’incidence et la morbidité de l’avortement provoqué au Sénégal a
démarré vers 10 heures, sous la présidence de l’Association des Femmes juristes
(AJS), membre de la task force. Plusieurs allocutions se sont ainsi succédé,
celles du président de la commission des lois de l’assemblée nationale et
celles des représentants des ministères de la justice et de la santé.
Les principaux résultats de l’étude ont montré que :
- 51500 avortements provoqués ont été recensés au Sénégal en 2012
- 17 pour mille femmes âgées de 15 à 44 ans sont concernées (Dakar : 21 pour mille et le reste des régions 15 pour mille) ;
- La plupart de ces avortements surviennent en milieu non médical ;
- 55% des sénégalaises qui se font avorter rencontrent des complications et seules 32% de ces complications sont traitées ;
- Plus on est pauvre, moins on traite ces complications, moins on a accès aux soins de qualité.
- Plusieurs méthodes sont utilisées au Sénégal pour interrompre la grossesse : l’ingestion d’agents caustiques ou de plantes, l’aspiration manuelle, etc…
Au Sénégal 31% des grossesses ne sont
pas planifiées.
Certaines limites de l’étude ont
été relevées.
Pour réduire les conséquences de l’avortement à risque, il
faut :
-
Assurer une disponibilité
constante d’équipements de prestataires pour les soins post avortement
(SAA) ;
-
Assurer une plus grande
équité dans l’accessibilité aux soins de qualité.
Cette présentation des résultats a été suivie de questions
ayant essentiellement porté sur :
-
Les structures incluses
dans l’enquête,
-
La nature des avancées
réalisées par le système de santé du Sénégal en matière de prise en charge des
avortements.
Une deuxième présentation effectuée par le représentant du
ministère de la santé, a traité de l’avortement comme enjeu de santé publique
avec ses complications précoces, secondaires et tardives. Une troisième
présentation effectuée par un membre de l’Association des Femmes Médecins du
Sénégal a porté sur les personnels de santé face à la problématique de
l’interruption de grossesse. La dernière présentation de la matinée effectuée
par un membre de l’AJS a rappelé l’environnement juridique de l’interruption de
grossesse.
Les points saillants des discussions à la suite de trois
dernières présentations matinales ont tourné autour :
- des blocages à la révision de la loi,
- des exceptions soulignées par l’article 14 du protocole de Maputo, pouvant autoriser l’avortement médicalisé (viol, inceste, risque pour la vie de la mère ou de l’enfant),
- de l’importance d’avoir la loi avec les femmes,
- du faible niveau de connaissance des lois par les populations en général et de la pilule du lendemain en particulier par les femmes,
- des responsabilités des parlementaires, des juges, des médecins face à cette question lancinante.
Les recommandations
formulées étaient les suivantes :
Générales :
- Travailler tous ensemble pour parvenir à faire réviser nos textes juridiques et à harmoniser notre législation avec les conventions internationales signées par notre Etat sans réserve ;
- Procéder à la prise en charge précoce et gratuite des cas de viol pour traiter la victime et la protéger d’une éventuelle grossesse ;
- Vulgariser les résultats de l’étude Guttmacher.
A l’endroit de la
task force :
- Utiliser l’approche
participative et inclusive de tous les segments de la population pour relever
ensemble les défis dans le domaine des droits sexuels et reproductifs des
femmes.
A l’endroit des
juges pour les cas de viols déclarés suivis de grossesse :
-
effectuer le jugement de
viol dans des délais plus courts et
-
autoriser au stade de la
poursuite l’avortement médicalisé au bénéfice du doute ou au moins au stade de
l’inculpation avant que la grossesse n’avance au-delà du terme légal pour
procéder à son interruption.
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